On était donc parties toutes les deux, entre meufs, pour une ballade peinard. J'avoue que j'étais assez inconsciente de partir en ballade sans connaître la jument, carrément inconscient, mais il y a des fois où on fait juste confiance à son instinct en ignorant un peu tout le reste quand même. Elle avait le pied sûr, pourtant quelque chose semblait l'embêter que je ne compris pas tout de suite. On était alors au pas, parce que prendre de la vitesse directement ça aurait été une décision encore plus inconsciente que celle déjà prise de partir en ballade. Je ne connaissais pas l'endroit et c'est d'un œil averti que je suivais le chemin. Certes, je m'étais un peu renseignée, mais je découvrais beaucoup encore. La jument semblait un peu plus renseignée, je ne savais pas exactement depuis combien de temps elle était là mais je doute qu'elle reste enfermée dans son box à longueur de journée.
Le ciel était clément aujourd'hui, un ciel bleu, mais un nuage cachait le soleil, et je me doutais que le sentier risquait d'être boueux. Alors que je commençais à me dire que j'avais beaucoup de chance au tableau de monte et qu'on me donnait que des crèmes de chez crème, les « ennuis » commencèrent, ça m'apprendra à être plus patiente quand je rencontre un cheval. En même temps, je n'ai jamais eu ce problème avec les ibériques de mon père, élevés dans la famille que je connaissais depuis toujours.
Atomic remuait bizarrement, puis huma le sol, alors bien sec, et, sans prévenir, entreprit de se rouler par terre. Heureusement, mes vieux réflexes étant toujours intactes, je sautais à terre avant de me faire écraser. Parce que Atomic c'est pas juste je me couche par terre parce que j'en ai marre du pas, Atomic c'est plutôt se rouler par terre ENERGIQUEMENT pour te faire passer ce même message, comme si ainsi ça rentrait mieux dans ta tête. En tous cas, j'étais pas prête de l'oublier. J'attendais qu'elle se relève, mais je me faisais des illusions. En effet, la belle n'était pas prête de se remettre debout. Couchée sur le dos, esquissant un mouvement de rotation de temps à autre, elle me lançait pourtant un regard doux où je ne lisais aucun sadisme. Elle ne faisait pas ça par méchanceté, ça, j'en étais sûre. Puis, dans un éclair d'intelligence, parce que ça m'arrive, je fis rapidement le lien avec sa passion étrange. Ben c'est ça, c'est se rouler par terre. Et en plus d'être ce qu'elle aime faire, elle voulait me dire que, ben, elle voulait accélérer. J'essayais de la relever, sans résultat. Et après plusieurs tentatives, une seule solution s'offrait à moi : attendre qu'elle veuille bien se relever. Atomic qui se roule,c'est pas une mince affaire. Je décidais de prendre sur moi, et fut récompensée : en effet, rien qu'un quart d'heure plus tard ( et c'est déjà bien assez) elle se releva d'elle même, puis tout naturellement, vînt demander un câlin. Vraiment dérangeant cette attitude !

Je remis le pied à l'étrier pour reprendre le chemin, ne comptant pas en rester là. La pente se fit sans cesse plus ardue, et je ne voulais pas crever la jument, aussi je repérais un petit chemin perpendiculaire au nôtre beaucoup plus plat qu'on pouvait emprunter sans difficulté. Ayant compris la leçon, je n'hésitais plus à rapidement la mettre au trot, ce qu'elle sembla apprécier au vu de ses jolies oreilles pointées en avant . Son encolure se balançait de façon quasiment invisible, et moi je profitais du paysage. Au dessus de nos têtes , un grand aigle, aux larges ailes déployées nous suivait en volant , on se serait cru dans Spirit. Je reportais mon attention sur le chemin et repérait une flaque de boue, pas très profonde, juste les restes de pluie de la semaine. Je m'y engageais, confiante en pensant juste qu'Atomic aurait droit à un mini-douche en rentrant, de toutes façons j'avais le temps. Je sentais la jument un peu nerveuse , mais je pensais juste à un coup de fatigue, puis alors qu'on s'approchait, ça dégénéra. Atomic Addiction fit rapidement le calcul.
Boue = pas pouvoir se rouler + sale + AAAAAH COURIR !!!!
Elle commença par lever les antérieurs du type mini-cabrage, puis recula d'un pas ou deux avant de carrément faire demi-tout et m'embarquer . Ben moi du coup j'ai pas capté ce qu'il se passait sur le moment, et vas-y que je m'accroche à la crinière en mode flippée . Faisant appel à son super sens de l'orientation, la belle dévala la pente qu'on avait prit à l'aller. Moi, j'ai pas beaucoup réagis au départ, puis quand même j'ai décidé de me reprendre au bout d'un moment.
Je calmais le jeu, et réussis à l'arrêter. Je descendis aussitôt à terre sous le regard fuyant de la belle et son souffle nerveux, elle tentait de reculer, encore choquée, alors je posais une main sur son encolure et lui chuchotais de se calmer.
« Eeeh, voilà, tout va bien je te dis ! J'ai compris, pas de boue, je le saurais! »
Je restais à la caresser encore une dizaine de minutes jusqu'à ce qu'elle se calme, enfin elle se tranquillisa, et je me remis en selle. La question se posa, mais je décidais pour son bien de rentrer, vu qu'on avait eu pas mal de sensations fortes .