Beh du coup, on arrive au rond de longe, et la belle reste hyper méfiante. Ben ouais, j'ai quand même un seau d'eau dans la main ARME ULTIME !!! Alors elle marche en main , mais bien écartée de l'objet : dedans, la petite vague qui tangue doit lui donner le mal de mer. Le rond de longe se profile devant nous, je vérifie qu'il soit bien sec avant quoi que ce soit , puis la lâche dedans. Je ferme derrière nous, et la regarde trotter un peu dedans. OUI BON je suis d'accord pour informer un petit peu l'équipe de modo et admin' sur ma séance du jour. En fait, je savais donc au vu d'hier qu'elle avait peur de la boue, et ayant des doutes, j'étais aller soutirer quelques infos sur la belle, et j'avais appris qu'elle ne pouvait pas faire une carrière pro de cross à cause de sa phobie des rivières et des gués. Du coup, avec une éponge et un seau d'eau, j'allais tester ses réactions en la confrontant à différentes situations différentes pour mieux cerner le problème. Le seau était placé au centre du rond de longe , ainsi, elle ne se sentirait pas acculée dans un coin et pourrait tourner autour pour fuir. Laissant l'eau et l'éponge, j'allais d'abord la rassurer par de longues caresses patientes et rassurantes. «  Làààà, tu vois, c'est moi, tu te rappelles ? La blonde d'hier ! »
Elle me dévisage – s'en est presque désagréable , puis pose son nez dans ma main . Bah voilà ! Je profite de son calme et me dirige mine de rien vers le seau d'eau. Elle tente de me faire confiance, de faire confiance à l'Homme en général, mais recule d'un pas , l'instinct prenant parfois le dessus . Je plonge la main dans l'eau. Il a beau faire un grand soleil radieux, ben ma main en ressort glacée. J'essors l'eponge suffisamment, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'humide, et m'approche de la jument. Elle part direct au trot avant même de comprendre ce que c'est, la seule pensée de l'eau a le pouvoir de l'effrayer. Alors, je sors aussitôt de ma poche le peigne à crins que j'utilise, elle ralentit en reconnaissant l'objet de pansage. Je pose à côté l'éponge légèrement froide :

« Ca, et ça, c'est pareil. Tout pareil, ça sert à te nettoyer et à te faire belle. Ben oui, tu crois que j'ai pas remarqué, pour toi et Fly, le Morgan du box d'à côté ? Mais ok, j'approuve, il est beau gosse et il a l'air d'avoir du caractère. »

J'esquisse un sourire en coin , puis m'approche d'elle calmement, en tendant l'éponge et le peigne à crins. Elle tend l'encolure, les sabots prêts à fuir en cas d'attaque d'eau, mais Bob ne lui fait pas peur ( Bob l'éponge pour les esprits qui n'auraient pas compris mes références très cultes ), et pour cause. On a forcément dû l'utiliser pendant de précédents pansages, naseaux, contours des yeux. L'objet dans la paume de ma main, je la laisse humer autant qu'elle veut , l'approche d'elle et fait mine de nettoyer ses naseaux. Je suis rassurée en voyant qu'elle connait l'objet, la simple humidité ne l'effraie pas plus que ça. J'essore l'éponge devant ses yeux, rien ne coule et elle s'y désintéresse pour reporter sa surveillance sur le seau. C'était l'effet recherché, je passe au niveau supérieur. Je retourne vers le seau, plonge l'éponge dedans et ne l'essore pas cette fois-ci. Elle en ressort imbibée et dégoulinante d'eau, une goutte tombe au sol et Atomic se met en position de fuite à sa vue. J'ai l'impression que je vais prévoir sa réaction . Les gouttes glissent le long de ma main, dans la paume, l'éponge est écrasée par son poids et l'effet de la gravité, et la Holstein m'observe comme si je tenais son destin entre ses mains.
Doucement, je tourne la main, et presse l'éponge d'un geste lent et régulier. Aussitôt que l'eau s'échappe , la jument perd le contrôle d'elle même , hennit, se cabre, et part dans un galop très irrégulier, précipité, trébuchant, elle tourne autour de moi en regardant l'éponge et la tache d'eau qui s'est formée au centre du rond de longe, et je me retrouve rapidement encerclée dans un nuage de fumée. Je m'accroupis et repose l'éponge dans le seau et tente d'arrêter la jument. Elle se terre contre la clôture du rond de longe, apeurée, presque assise sur les fesses tellement elle veut s'éloigner de l'objet de ses frayeurs, et c'est à ce moment là que je réussis à accrocher la longe à l'anneau du licol. J'ouvre aussitôt le rond de longe, elle s'engouffre à l'extérieur et respire profondément.
« Je suis désolée, mais c'était l'unique moyen de comprendre ce qui n'allait pas. C'est comme ça, que je vais pouvoir mieux t'aider et adapter nos sorties. »
Elle boit mon flot de paroles, tenant l'éponge pour seule responsable de sa frayeur, et viens blottir sa jolie tête grise contre moi. Je grattouille son encolure en émettant une petite conclusion : ce n'est pas tant la sensation d'humidité sur sa peau qu'elle n'aime pas , mais la vision de l'eau en soit ainsi que celle de la boue. Comme pour relâcher la pression, et sans avertir, elle repère un coin bien sec d'herbe et se roule dedans. Obligée de lâcher la longe, je la laisse faire , ça va lui changer les idées. Bon, ben du coup, les ballades à la plage seront pas possibles, tout comme les douches. Va falloir arranger ça, ou alors s'adapter en fonction de cette phobie. Elle se relève au bout d'un moment, et je la conduis aux écuries.