Mon réveil se mit à sonner. Je décidai de m'arracher de mon lit. Je cherchais mes chaussons qui avaient évidement choisi de ne pas être au même endroit. Moi ? me jeter sur mon lit en balançant mes chaussons ? Jamais ! Je retrouvai les deux fugueurs : un sous mon lit et l'autre devant la porte de ma chambre.
Je descendis pour manger et le fis. Je rangeais mon bol dans le lave-vaisselle quand ma (
très - trop - méga) insupportable petite sœur arriva.
"Tu sais, moi, pour mon premier concours, j'avais préparé toutes mes affaires la veille, le matin, j'étais prête ! Ensuite, je ..."
Je ne sais pas ce qu'elle dit ensuite car je ne l'écoutais plus. J'attrapai un cookie et lui fourrai dans la bouche en disant :
"Cool ta vie, tu veux un cookie ?"
Puis, profitant qu'elle était choquée, je retournai me préparer dans ma chambre. Je me demandai comment elle saivait que j'avais un concours aujourd'hui, vu que même mes parents ne savaient pas ...
Je suis sûre qu'elle lit mon journal intime, cette sale peste ! Je m'habillai rapidement et récupérai la boîte d'élastique achetés la veille. Enfin prête, je sautai sur mon vélo pour aller préparer Raspoutine.
Après environ 15 minutes à pédaler, j'arrivai à l’Élevage d'Antan. Je rangeai mon vélo, récupérai ma boîte dans le vestiaire et me dirigeai vers l’Écurie d'extérieur. Je passai à la sellerie prendre le filet et la selle. J'étais excitée malgré l'heure matinale et c'est en trottinant que j'arrivai au box de Raspoutine. Je posai le matériel sur le porte-selle.
"Chouchou, réveilles-toi, c'est le grand jour", chuchotai-je en rentrant dans le box et en lui caressant doucement l'encolure.
Étant donné qu'il semblait bien décidé à finir sa nuit malgré ma présence, je sautai sur l'occasion de bien lui brosser la queue. Je sortis du box pou récupérer ma brosse et commençai à démêler les crins. Je l'avais douché la veille, et elle n'était pas trop emmêlée. Le shampoing avait bien fait son travail : les crins était doux et brillants et la robe aussi était brillante.
Après m'être occupée de la queue sans qu'il en aie vraiment conscience, je fis un rapide passage sur la crinière avant de prendre mon étrille. Je fis des cercles sur son encolure, ses flanc, son dos et sa croupe avant de passer au bouchon, puis à la brosse douce, que je passai partout.Le nounours se réveillait un peu. Je sortis, pris mon licol et ma longe. Je voulais l'attacher dehors pour finir le pansage et pouvoir m'occuper plus facilement des pieds. Je fis un nœud à l'anneau de devant son box et pris mon cure-pied. Comme à son habitude, l'adorable cheval me donna ses pieds sans rechigner. Avec une petite brosse douce, je nettoyais bien ses jambes de l'épaule jusqu'au sabot. Une fois bien astiqué, le nounours semblait à peu près réveillé. Je lui passai l'époussette pour qu'il brille encore plus.
C'est bon, je lui met la selle et c'est fini ... Argh ! J'ai oublié les pions ! Ma connaissance des pions se limitait à une vidéo regardée la veille. Je posai la brosse à crins et les élastiques à portée de main.
Il faut commencer par la garrot ou entre les oreilles ? Je décidai de commencer par entre les oreilles. Lentement, je tressai le crinière du bai sans aucune beauté ni régularité, puis formai des pions tout aussi irréguliers. Après environ une demi-heure de bataille contre les élastiques (une dizaine m’avaient claqué dans la main), il avait (des trucs ressemblants à) des pions le long de l'encolure. Je le sellai et nous pûmes enfin partir en direction du manège.
Quand j'arrivai dans le manège, les trois autres concurrentes étaient déjà là. Normal, j'étais la dernière à passer. Je lançai un :
"Salut" pas très assuré. Je baissai beaucoup les étriers, puis montai sur le nounours. J'ajustai les étriers et vérifiai la sangle. L'hongre n'avait pas l'air perturbé par les deux entiers et la jument, ce qui était un bon point. Je le mis tranquillement au pas, puis au trot. Une fois détendu à ces deux allures, je décidai de lui faire sauter le petit croisillon. Le saut, réception au galop, détente au galop et enfin saut au galop. Du moins, c'était le programme car le cheval, à peine au petit trot, pilla devant l'obstacle, histoire de voir si la barre n'allait pas se lever quand il la sauterait ou -mieux- si ça se mangeait. Moi, sur le grand machin, je n’étais pas tombée.
"Faudrait éviter que tu nous fasse ça au galop pendant le concours, nounours"
Après s'être assuré que la barre ne le mangerait pas et qu'il ne pouvait pas la manger, il me regarda l'air de dire :
"Bon, alors, on recommence ?" Je le remis au trot et le ramenai devant le croisillon, qu'il sauta comme la veille il m'avait montré en cross et réceptionna au galop. Je pus alors finir cette partie de la détente. Je le repassai au pas pour quelques instants quand les haut-parleurs annoncèrent le début du concours avec Kimy Zimmerman. J'expirai profondément, la boule qui se formait au creux de mon ventre ne devait pas grossir. Raté. Au fur et à mesure, que je sautai et que les autres passaient, elle grossissait. J'avais à peu près fini la détente quand soudain :
"Et maintenant, voici Abbygaelle Stolta sur Raspoutine, un selle français de 6 ans !"
Nous partîmes en direction de la carrière.
Nous entrâmes au petit trot dans la grande carrière. Je repérai les obstacles et l'ordre dans lequel je devrai les faire sauter au nounours. Au signal du départ, je le mis au galop. Il sauta facilement le croisillon, à peine plus haut que ce que l'on avait sauté en cross. Bizarrement, à la réception de ce premier saut, je fus dans une sorte de brouillard, dont je ne sortis même pas avec le vertical.
C'était sans compter sur Raspoutine, qui sentait que je n'étais plus vraiment présente au bout des rênes et qui mit un joyeux coup de cul, histoire de voir si je tiendrais. Cela me réveilla et je repris les choses en main tandis que la foule criait
"Oooh". Parfaitement réveillée à présent, je poussai Raspoutine sur le double croisillon. Il sauta, fit une grande foulée, sauta. Le soleil était présent, mais le vent assez fort au galop me faisait voler les cheveux ...
Tellement agréable ... Reconcentration !Bon, un virage court vers la droite, le vertical de 70 cm, virage de 45° à droite et l'obstacle qui me faisait le plus peur : l'oxer. Je n'en avais jamais sauté, et même s'il n'était pas très haut, je crois que je n'avais jamais sauté autant. Je fermai les yeux. Saut. Atterrissage. Je rouvris les yeux.
Vive le coup de saut du nounours ! Raspoutine savait ce qu'il avait à faire. Je le fis tourner à droite. Il sauta la croix. Bon, là, il me fallait un peu de chance. Je fis passer Raspoutine entre les deux croisillons du double et croisai les doigts pour qu'il ne refuse pas le dernier obstacle, que je lui faisais prendre de biais. Raspoutine ne se posa pas de questions et sauta. Je cherchai quelques secondes du regard le dernier obstacle, avant de me rendre compte que c'était fini. Un peu étonnée, je fis repasser Raspoutine au trot, puis au pas. Je le laissai marcher un peu avant de le remmener au box.
La tension était retombée. C'était fini. Je poussai un long soupir sans savoir pourquoi en faisant entrer Raspoutine dans le box. Peut-être était-ce que je savais que c'était la dernière fois que je le montai. Peut-être ... Une fois le nounours rentré dans le box, je lui retirai rapidement le filet et la selle et allai les ranger. Je n'avais aucune envie de le brosser longtemps. Je lui défis les pions (enfin, j'arrachai les élastiques). Je lui curai rapidement les sabots. J'attrapai l'étrille.
Je voulais voir Colombe, là, maintenant, tout de suite. Je m'en voulais presque de ne pas avoir mon premier concours sans elle. Bon, ce n'était qu'un petit concours de club ... Je lui fis un pansage très rapide.
Je lui fis ensuite un gros câlin malgré que je sois très pressée : quand même, c’est logiquement la dernière fois que je le vois longtemps et que je le pansai : il y a tellement de chevaux que je crois que je pourrais jamais le ravoir avec le tableau de monte.
J'attrapai ma boîte, la balançai dans les vestiaires, sautai sur mon vélo et partis très vite, une conclusion en tête :
"Raspoutine est un amour et je déteste les pions !"