J'arriva enfin à la nouvelle carrière. Elle était visiblement polyvalente, un sable blanc jonchant le sol et de multiples plots, quelques obstacles ainsi que des balles en mousse étaient installés en tas dans un coin de ce merveilleux endroit parfait pour humilier ma jument qui jetais des regards terrifiés à droite et à gauche. Elle se faisait toute petite, si jamais on la voyait comme ça ...

Je fis donc exprès de pousser un fort Hum hum pour capter son attention et celle des autres chevaux de l'écurie. Je venais là de signer mon arrêt de mort. La merveilleuse Illusion, aperçue dans un équipement lourd et de western devrait figurer sur le futur journal people équin que recevait chaque jour les chevaux. Bien évidemment Illusion, bien évidemment ... C'était du moins ce que je sentais ma jument penser alors que les chevaux étaient retournés bien vite à leur mangeoire, l'oubliant complètement sauf Equinoxe des écuries classiques qui l'observait avec un oeil froid et moqueur. Une bonne raison de ridiculiser sa pire ennemie. Tel cheval, tel cavalier ou l'inverse d'ailleurs quand sais je.

Je sourit et tenta de la tirer de sa rêverie : "Hey, allez au boulot ma belle !" Mauvaise idée visiblement vu le regard noir que me dardait l'affreuse. Je mis un pied dans l'étrier et la regarda, méfiante. Je me hissa en selle alors qu'Illusion commençait à mâcher son mors qui à son avis était juste moche mais pas désagréable. Je serra mes mollets avec délicatesse et elle partit au pas, réactive, visiblement normale, comme d'habitude intransigeante mais normale.


Sauf que non en fait non, car je sous estimait sa fourberie et c'est avec grâce, du moins comme elle le pouvait avec cet équipement, qu'elle me fichu les fesses dans le sable d'une ruade bien placée. Et mademoiselle paradait, heureuse de sa connerie, piaffait bien volontairement devant moi qui me relevait avec douleur. Je lui fis les gros yeux noirs et l'arrêta net en m'approchant d'elle pour remonter en selle. Mais non, c'était bien trop marrant pour s'arrêter là ! La furie parti donc au galop, en sauts de moutons pour me montrer que je ne pourrais pas l'attraper.

Furieuse, je criait posément d'une voix glaciale :


Sentant certainement la fureur dans ma voix, la petite arabe revint vers moi, la tête haute, me défiant. Genre : "Tu vois, blatte, c'est comme ça quand on m'embête et j'arrête quand je le veut bien !" Les derniers mots étaient un pur mensonge vu qu'elle se demandait visiblement si j'allais la punir. Je souffla doucement et me calma, tenant les rênes fermement et remettant bien à l'étrier. Sa vengeance était accompli mais la découverte de la discipline pas du tout.

Je la remis au pas en serrant mes mollets contre ses flancs. Réactive, elle engagea bien les postérieurs et partit d'un bon pas allant. Je laissait les rênes sur l'encolure, une main dessus. La belle était perturbée, mais sensible et habituée à mes changements de poids du corps pour la piloter, je n'avais qu'à presser un peu mes rênes pour l'arrêter tout en me penchant en arrière, déplacer ma main et mon poids pour tourner et me pencher un peu en avant en pressant mes jambes pour avancer. Je fis avancer la belle dans toute la carrière, la mettant de plus en plus aux ordres, nous enchaînions, virages, courbes, arrêt et allongement du pas avec facilité, au pas certes mais avec facilité. Elle n'avait certes pas la réactivité d'un cheval western comme celui de mon père mais elle répondait bien et était attentive, écoutant bien. Je lui faisais découvrir quelque chose, je ne pouvait donc pas trop me tromper. Cela me facilitais pas mal la vie à vrai dire car je me surveillais certes mais ma jument moins que dans les disciplines classiques.  


Nous partîmes ensuite au trot, dynamique et aérien, on sentait bien le dressage là dessous. Qui n'aurait pas voulu concourir avec un telle jument dans un concours de dressage ! Je fis alors les mêmes exercices qu'au pas, elle m'écoutait à merveille et s’exécutait avec grâce. Pour finir ce petit échauffement, je la mis au galop. C'était un petit galop tout a fait contrôlé et acceptable, très beau et tout le tralala. Mais en western, ce n'est pas ce galop là, c'est un galop plein pot ! Je lui demandas donc d'accélérer à sa grande surprise, puis encore et encore jusqu'à la sentir à fond, libre. Elle hennit de joie, découvrant de toutes nouvelles sensations comparées à celle contrôlées et précises à l’extrême du dressage. Je souris et la laissa galoper ainsi un tour de piste. Elle c'était prise au jeu et quand je lui demandas un arrêt elle m'offris un magnifique slidding stop, du moins à sa manière qui n'était pas de haut niveau mais impressionnante et pleine de puissance et de grâce, engageant ses postérieurs sous elle et glissa sur un mètre, presque assise avant de se redresser et de s'ébrouer, grisée par les sensations, tout comme moi.

Je souris et la caressa, la remettant au pas et partant sur des exercices qu'elle connaissait, comme des pas de côté mais plus accentués. Elle répondit bien mais ma jambe du y aller un peu fort sans mon consentement car la jument reconnaissant la figure savait que je m'étais tromper. Elle s'ébroua et se cabra de toute sa hauteur, je restais accrochée à l'encolure comme je pouvais. On ne la changerais jamais ... Je remis la même au trot et arriva même à ne pas me tromper, obtenant de magnifiques croisés de jambes, je souris, caressa et remis au pas ma vachette visiblement contente et fière d'elle. Et ouais, moi j'uis un chval de dressage mais j'arrive à faire du western et ouais ! Avant de rendre jaloux à mourir tous les autres chevaux, nous repartîmes vers les écuries classiques, sentant ma jument qui se rappelais comment elle était habillée et ce par ma faute.