On recommence ?
Cannabis & Abby -
Rond de longeCannabis avait trottiné gaiement jusqu'au rond de longe et je ne m'en étais pas plainte. Son énergie faisait plaisir à voir et me contamina : à la fin du trajet, nous sautions gaiement tous les deux. J'ouvris la porte, et le poulain bondit, presque pattes jointes. Je fermais la porte tandis qu'il piaffait d'impatience. Je décidai de ne pas trop le contenir et me mis au milieu du cercle en lui disant :
« Allez, défoules-toi ! ». J'avais besoin qu'il soit un peu plus calme pour travailler. Je ne sais pas s'il s'est mis à galoper à tout berzingue parce qu'il avait compris ou parce qu'il en avait très très très envie. En tout cas, il fit quelques tours au grand galop en balançant un coup de cul par foulée. Ensuite, son galop se calma et se ralentit peu à peu.
« Maintenant, on va pouvoir travailler ! »Je l'appellai. Il s'arrêta tranquilement et vint vers moi. Je lui gratouillai l'encolure et lui fit un bisou sur le museau, ce qu'il sembla apprécier. Il me suivit jusqu'à la barrière, d'où je tirai une barre. Posant son museau contre l'objet, le bai le reconnut et fit de petit bond de joie. Je lui fis un grand sourire avant de placer la barre en travers de la piste.
Je me mis à côté du poulain en articulant clairement
« Pas », puis avançai traquillement à ses côtés. C'était bien beau de vouloir sauter un obstacle au galop, mais il lui fallait apprendre à respecter les allures demandées. La barre l'aidait à se concentrer, car à chaque fois qu'il repassait au trot (quand on s'en approchait), je lui faisais faire demi-tour afin de ne pas passer dessus.
Après trois tours complets de pas (et dix demis), je lui dis
« Trot », tout en me mettre à courir. Il passa au galop. Tout en freinant le poulain, je lui demandais de ralentir.
« Trot ! » Le poulain trotta.
« Bah voilà, c'est bien Cannabis ! » Un demi tour de trot, tout va bien.
« Pas ». Le bai me regarda quelques instants avant de faire quelques foulées hésitantes de pas.
« Bien ! Continue ! » Mon énergie positive (bah quoi ? dans les livres ils disent toujours qu'il faut envoyer un énergie posive vers le cheval pour lui dire que tout va bien) lui donna de l'asurance, et il me fit de belles longues foulées de pas.
« Arrêt », comme il ne connaissait pas ce mot, je retins la longe. Il s'arrêta et me regarda, se demandant s'il avait bien fait : la longe disait de s'arrêter mais la voix, elle disait quoi ?
Je le félicitai et lui donnai quelques fraises. J'étais très contente qu'il réagisse aussi bien à la voix : je préférai largement qu'il obéisse à la voix plutôt qu'avoir besoin de sticks et de cravaches ! Je lui grattai l'encolure et l'épaule avant de retourner sur la piste.
« Trot » Cannabis fit un bond et partit au galop. Je glissai et m'écrasai par terre, lâchant la longe. Au cri involontaire que je poussai, il pilla et se retourna, et fut étonné que je sois plus petite que lui. Je me relevai et retirai le sable qui me recouvrait. Je tentai de retrouver ma dignité en marmonant :
« euh enfin bref ... On continue ... Euh, bref. » Je ramassai la longe avant que mon bai ne se prenne ses grandes pattes dedans et dis :
« Pas ». Cannabis marcha tranquillement à mes côtés, et réussit un tour sans passer au trot.
« Trot ! » Le poulain partit très vite et je fus essouflée après deux tours.
« Doucement, ralentis », dis-je en tirant sur la longe. Il ne réagit pas.
« Arrêt ! » La drogue ralentit, mais attendit que je tire comme un brute sur la longe pour s'arrêter.
« (pffff) Bon, on (pffff) fait une (pfffff) pause ? (pffff) » Je posai la longe sur la barrière et fouillai dans mon sac pour trouver mes brosses. Quand il aperçut les objets, le poulain piaffa d'impatience. Dès que l'étrille entra en contact avec sa croupe, Cannabis allongea son encolure en machouilllant dans le vide. Je faisais des ronds en reprenant lentement mon souffle. Il était moins poussièreux que cet été car le temps était moins sec, mais il y avait toujours une quantité inimaginable de poils qui volaient partout et qui faisaient des galettes sur l'étrille. Je pris mon temps pour faire sa croupe, puis son dos, ses flancs et son ventre. J'échangeai alors avec le bouchon. Je repassai rapidement un coup sur son corps avec de m'attaquer à ses épaules, son poitrail et son encolure. Il y avait des taches de boue sur ses membres et je les frottai à l'aide du bouchon et de ma brosse douce. Je dus batailler quelques minutes sur chaque membre pour enlever la totalité de la boue de ses jolies petites pattes, qui finirent par retrouver leur couleur normale. Je le brossai encore un peu pour le lustrer. Enfin, il finit par être tout brillant.
Quand le poulinou comprit que c'était fini, il se redressa et cligna plusieurs fois des yeux, comme s'il s'était endormi pendant le pansage. Je le laissai se réveiller et relevai la barre d'une quinzaine de centimètres. Cannabis la vit et se remit à piaffer. Je pris sa longe et me mis au milieu du cercle.
« Galop ! » Avait-il compris ? Fait ça naturellement ? En tout cas il partit au galop à fond et sauta avec joie la barre et alla encore plus vite. Il fit plusieurs sauts mais finit par se rendre compte que finalement, il avait beaucoup travaillé et était fatigué. Il ralentit, fit un dernier saut au petit trot avant de venir vers moi. Il me donna quelques petits coups de tête.
« Ok, ok, Canny, on rentre ! »