The First
Kandro

Je me rappellerais toujours les moments où mon père me traînait, ayant sûrement trop bonne conscience pour me laisser seule, jusqu’au bar pmu en face de chez nous pour se saouler, du haut de mes trois ans, je regardais le petit écran où les chevaux courraient très très vite, comme s’ils jouaient au loup. Je me rappellerais toujours le premier jour où j’ai pris le bus pour regarder les cours d’équitation que donner la maîtresse des poneys. Je restais la à essayer de retenir ce que mon petit cerveau de fillette de 6 ans me le permettait. Je me rappellerais toujours le moment où j’ai décidé que je ferais de l’équitation coûte que coûté. C’était quand la fille que je détestais le plus a eu sa première jument. Je me rappellerais toujours quand j'ai commencé à dealer pour trouver de l'argent pour en faire. Je me rappellerais toujours  quand tout a tourné mal. Mais de tous les souvenirs que j'ai, c'est sûrement celui la que je me rappelle le mieux.

J'étais dans le rond de longe avec le petit Kandro. Si je devais vous le décrire je dirais juste un mot: peur. Il était au milieu du rond de longe, un élastique attaché au surfaix. Pour cette première séance pas de monte, juste une séance de longe pour le muscler et l’assouplir un peu. De plus cela nous permettez de travailler sans trop s’approcher l’un de l’autre. Je me mis au centre d’un centre cercle et je demandais le pas au cheval. Il avançait rapidement, les oreilles plaquaient sur l’encolure, la queue collait contre la croupe. Je me disais qu’il allait se détendre au bout d’un moment, mais rien du tout, il restait la, apeuré comme un chien battu. Je le fis marcher un moment avant de lui demander le trot à l’aide de la chambrière et l’ordre vocal. Il prit une allure bizarre entre le trot et l’arrêt que je n’arriverais sûrement pas à décrire tel que je l’ai vu. Il faisait un pas de trot et faisait comme s’il allait s’arrêter mais sans jamais le faire vraiment. «Alleeeez, un peu de motivation !» Je lui demandais d’accélérer pour qu’il quitte ce mouvement de semi-trot, et il passa au grand galop, tirant à grand coup sur la longe pour me l’arracher des mains et pouvoir partir le plus loin possible de moi, son bourreau du jour. J’eus beaucoup de mal à le ralentir, mais j’étais une sorte de petite experte du travail à pied, c’était une des seules choses que j’avais vraiment pu apprendre sans moniteur. Je ne voulais pas lui tirer dans la bouche, cela n’allait qu’empirer la situation, j’attendis alors sagement qu’il se calme en lui parlant gentiment. Il finit par reprendre le trot, mais cette fois un vrai trot, rapide. Il avait la tête haute et toujours sa tête de traumatisé. Il trottina comme ça pendant une dizaine de minutes avant que je le passe à l’autre main mais il était toujours stressé. La longe n’était sûrement pas la bonne alternative. J’arrêtais progressivement le cheval et je m’approchais de lui. Quand je fus à côté, il se tortillait dans tous les sens, pas rassuré. Je décidais de passer à autre chose, pourquoi pas de l’éthologie ? Je retirais d’abord le surfaix puis les élastiques et enfin le filet. J’avais le rond de longe pour moi toute seule, je pouvais donc sans problème lâcher le cheval. Je sortis du rond de longe pour lui laisser un peu «d’intimité». Il commença par se rouler et puis par prendre le petit galop et à donner des coups de cul joyeux dans l’air. Ce petit cheval était plein de vie quand des cavaliers ne venaient pas lui faire peur. Je le regardais un moment jusqu’à ce qu’il s’arrête. J’entrais dans le rond, armée de friandises. Je les tendis au cheval qui hésita un long moment avant de faire de petits pas vers moi. Je lui en donna une puis je fis trois pas en arrière et je m’arrêta en attendant qu’il revienne. Il y réfléchit un moment puis il se décida à venir. Quand il eu finit de la manger, je fis cette fois cinq pas en arrière, Kandro me regardait en mâchant dans le vide, ce qui était souvent un signe de réflexion, il réfléchissait à la situation présente, et finit par venir vers moi. Cette fois, je marchais continuellement, en espérant que le cheval me suive, ce qu’il fit après un petit temps. Après une courte minute, je lui donna une dernière friandise, je lui caressa l’encolure, et je sentis sa peau frémir sous mes doigts. Il restait émotif mais se laisser maintenant approché sans trop d’inquiétude. Je le laissais seul un petit instant le temps de trouver un licol que je mis sur sa tête avant de le ramener au box. Nous avions travaillés peu, mais assez. Et j’avais encore tout le mois pour finir ma petite aventure avec ce petit mongolito.


Résumé de la séance: court moment de longe (à moitié raté) et un court moment d'éthologie