Je tiens Jacasse du bout de la longe. La jument est parfaitement calme et ne dit rien. C'est comme si elle savait qu'en restant sage, elle pourrait avoir accès plus rapidement au pré. Je flatte son encolure et le chemin qui nous sépare des prés est engloutit en moins de deux. Jaccasse se cale sur ma vitesse et ne cherche pas à me dépasser. Je souris, une jument comme ça, c'est vraiment agréable. On m'avait dit que Divine était dans le pré du milieu et comme c'est une jument qui s'entend bien avec elle, j'ai décidé de les mettre ensemble. Je trouve Divine assez facilement. J'ouvre la porte du pré et rentre avec la grise. Elle est toujours calme, bien qu'un peu plus pressée. Je sens que Jaccasse n'est pas capable d'attendre trop longtemps. Je caresse son encolure et défais son licol. La jument part tranquillement au trot pour s'arrêter quelques mètres plus loin. Je sors du pré en refermant bien la porte derrière moi. Divine et Jacasse se sentent un petit instant puis, commence à brouter côte à côte. Je reste quelques minutes pour m'assurer que tout se passe bien. Puis, je pars. Je reviendrai en fin de journée pour lui laisser libre court à sa vie de cheval.

Je reviens alors que le jour commence déjà à se coucher. Il fait encore un peu soleil, mais plus pour très longtemps. Je prends le licol que j'avais ramené dans son box et me dirige ensuite vers les prés. Je m'attends à retrouver une Jaccasse boueuse et pleine de terre. Et bien ça a pas manqué. Elle est tout simplement devenue marron. Elle a du se rouler dans la terre humide de ce matin... Bon, j'aurai de quoi brosser en rentrant ! J'ouvre la porte du pré et signale ma présence en faisant des claquements de langue. A côté de l’abreuvoir, la grise (enfin, grise terreuse) broute sagement. Elle ne dit rien quand elle me voit arriver. Je passe la corde autour de son encolure et la caresse. Je lui enfile le licol en deux secondes et la sors du pré. J'aurai pas cru que ça aurait été aussi facile. Du coup, après avoir fermé la porte, je la laisse brouter encore une dizaine de minutes. Jaccasse ne se prive pas, au contraire. On dirait qu'elle essaie d'engloutir le plus de nourriture possible ! Amusé, je finis quand même par devoir la ramener dans son box. Je ne vais pas rester ici jusqu'à vingt et une heure non plus !

« Désolé de te décevoir grosse, mais il faut rentrer maintenant. »

Je lui relève la tête et nous nous mettons en route pour l'écurie classique. Malgré sa privation de broute broute, Jaccasse ne semble pas terriblement vexée. Tant mieux, ça change des autres !