L'Apocalypse

C'est Apocalyptique.
Ce comportement relève de l'Apocalypse... Gentleman tapait, frottait, hennissait, piaffait, mordait, il était devenu incontrôlable sur le trajet. Nous nous hâtions dans le rond de longe et je détachais alors la longe le plus vite possible. je refermais la porte en sortant et le laissais errer. Il galopait à vive allure, tournait sec, s'arrêtait, envoyait du sable et de la poussière de tous les côtés. Il était enfermé dans une humeur destructrice et ne semblait pas prêt d'en sortir...

Je m'approchais alors, à la merci de ce fou des Alpes. Je levais haut les bras et me plantais devant lui. Il s'arrêta net, son toupet venant couvrir ses grands yeux noirs, vif et emplis de haine et de détresse. je caressais sa joue, le fascinant un instant et attachais la longe. L'animal se laissa faire et souffla doucement, posant calmement sa tête sur mon épaule Je le caressais et reculais prudemment. Les bons temps ne furent pas bien plus longs et la bête partit comme un dingue dans un galop effréné tendis que je luttais pour garder un bout de longe entre mes mains. A sa course folle s'alternèrent sauts de moutons, ruades et défenses incessantes. Gentleman semblait possédé par une rage inouïe. Cette dernière semblait dicter sa -malvenue- conduite. Fatigué, lassé, épuisé je tenais siège au milieu du rond de longe, seul, très seul en ces instants d'incompréhension réciproque.

Je tendis la longe un petit moment et tentais de me faire entendre de l'animal. "Au trot, là doux, y'en a marre, doux et au trot..."Il s'y mit, contre toute attente et comme soudain touché par mon désespoir grandissant. Il trotta gentiment à main gauche, attentif bien que méfiant. Je lâchais alors la longe, le laissant péter en l'air à sa guise pour ces quelques minutes de concentration et m'asseyais par terre puis fermais les yeux. Même dans le noir de mes paupières closes, je voyais le cheval se stopper soudainement, poser son captivant regard sur moi et baisser la tête, perplexe. J'entendais le doux son d'un petit hennissement affectif dans mon dos et bientôt, sentais le souffle chaud de l'Etalon dans ma nuque. Je me relevais alors, très doucement et me tournais vers Gentleman. Je tendis mes deux mains vers lui, il les renifla et me laissa lui gratouiller la joue. L'air inquiet, il me toisa, puis, après avoir poussé un étrange hennissement à mi-chemin entre la colère et la déchirure, il partit galoper et envoyer ses sabots en l'air, fouettant violement l'air. Je reprenais la longe et le faisais sortir sous ses défenses et ses hennissement de détresse. "J'aime pas mentir alors je vais te dire la vérité surprenant animal. Tu es bon, tu as du potentiel, tu est gentil, au fond, tout au fond..."