Retrouvailles
Colombe & Camy -
Présamedi 9 mai 2015 -
7h27Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue voir Colombe. Trop longtemps. Beaucoup trop longtemps ! Comment avais-je pu survivre sans la voir ?? Évidemment, j'avais demandé (par téléphone) au centre de la mettre au pré et à mon amie monitrice Kimy de la monter de temps en temps, mais quand même !
C'est quasiment en courant que je me dirigeais vers les pâturages où j'étais sûre de trouver Colombe. Il était tôt et malgré la présence du soleil, il y avait un petit vent frais. Pourtant, j'étais en T-shirt. Je n'ai jamais froid et je trouvais ce temps particulièrement agréable.
Le premier pré devant lequel j'arrivai était le bon. Je pensai immédiatement que ma jument devait être bien ici. Un abri d'une taille moyenne la protégeait des intempéries et contenait abreuvoir et supplément de nourriture. Il y avait aussi quelques arbustes et un bosquet ombragés où je vis ma jument allongée.
Je cherchai du regard la porte du pré. Trop loin. Je sautai par dessus la barrière. La grise releva la tête à mon juron. En voulant sauter en prenant appui sur une seule main sur la barrière de façon classe, je m'étais loupée et écrasée de façon pas classe du tout dans l'herbe. Tant pis. Rien aujourd'hui ne pourrait m'empêcher de faire un câlin a ma douce Camargue.
Elle se leva en même temps que moi et prit le galop pour venir à ma rencontre. Elle me tamponna violemment après avoir mal évalué sa distance de freinage. Et paf, une deuxième fois par terre. Je frottai par réflexe le poignet douloureux qui avait amorti ma chute, mais un large sourire éclairait mon visage.
« Colombe ! Ma Colombe d'amour ! » m'exclamai-je. Ce à quoi elle répondit :
« Plfplfpfplflfplffff »
Je lançai mes bras autour de son encolure, elle posa sa tête sur mon épaule. Nous restâmes longtemps installées ainsi, à profiter de la présence de l'autre qui nous avait tellement manqué, puis elle se dégagea doucement.
Son regard fit des aller-retours entre moi et son dos, puis elle fit quelques cercles au trot autour de moi. Pas besoin d'avoir fait polytechnique pour comprendre ce qu'elle voulait : j'attendis son arrêt pour me hisser sur son dos, perdant une tong au passage.
Je pris une solide prise dans sa crinière, me penchai sur son encolure et appréciai le vent qui faisait voler mes cheveux quand elle partit au galop. Je fermai les yeux pour avoir la sensation de voler. Plus rien n'existait, seulement elle et moi dans notre bulle. Je perçus une accélération dans son galop. De mémoire, je n'avais jamais eu l'impression d'aller si vite avec elle.
J'avais une confiance absolue en la jument qui fit un large cercle avant de sauter. J'entrouvris l’œil juste assez pour m'apercevoir que nous avions atterri dans le pré voisin.
J'aurais aimé pouvoir l'arrêter, mais n'ayant ni bombe ni chaussures ni selle ni filet ni cravache, je jugeai qu'il était plus sage de m'abstenir de me pencher pour l'inviter à tourner. Elle fit toute seule demi-tour, et, reprenant un galop encore plus rapide qu'à l'aller, me sembla-t-il, elle sauta de nouveau la barrière. La camarguaise fit encore quelques tours de son pré au galop, puis au trot, avant de se calmer et de s'arrêter.
« Waw » fis-je, incapable de qualifier autrement cette chevauchée.
Colombe haletait, épuisée par sa course folle. Elle s'approcha de moi en mettant des petits coups de museau dans ma main. De l'une je lui grattai le chanfrein et de l'autre je lui tendis quelques bâtonnets de friandise. Elle se dirigea lentement vers l'abri à mes côtés pour boire de longues gorgées d'eau fraîche. La grise s'allongea à l'ombre d'un arbre. Je décidai de la laisser se reposer, elle l'avait bien mérité ; et m'éloignai.