La longe de Las Vegas dans une main, ma caisse taille XXL dans l'autre, je me dirige vers le manège. Aujourd'hui j'ai l'intention de travailler afin de lui faire accepter le cavalier. Un peu le harnachement aussi puisque cela veut dire le seller mais ce n'est pas l'objectif premier de al séance d'aujourd'hui. De toute façon, à ce niveau de son débourrage il connaît déjà tout le matériel -à quelques exceptions près peut-être. Je l'amène donc jusqu'au centre du manège -étonnamment vide à cette heure-ci de la matinée- et pose le bout de sa longe sur son garrot pour ne pas qu'il marche dessus.

J'ouvre ma caisse et en sors un tapis de selle. Je lui tend pour qu'il le renifle mais Vegas n'y prête aucune attention et n'a pas plus de réaction lorsque je le pose sur son dos. Je sors alors sa selle mais cette dernière l'interpelle déjà plus : ses oreilles pointées en avant, il se rassemble comme pour sauter dessus mais avant qu'il n'ai pu tout défoncer, je lui me juste sous le nez. Las Vegas la mordille un peu puis semble se détendre, l'air presque vexé de n'avoir pas pu faire des bonds dans tous les sens. Je la pose délicatement sur son dos : mis à part un léger tressaillement, Vegas n'a aucune réaction. Je souris même si le mérite ne me reviens pas : c'est Josh que l'on peut féliciter pour avoir fait accepter la selle à notre petit bout.

Reste le filet. Je crois qu'il ne l'a jamais mis mais j'ai l'arme secrète ! Des oréos ! Je croque le chocolat pour lui éviter d'être malade puis, le filet dans une main, la crème de l'oréo dans l'autre, je lui tend. Immédiatement, Las Vegas ouvre la bouche et j'en profite pour lui faire enfiler le mord en même temps qu'il se goinfre de friandises. J'avoue que ça ne s'est plutôt pas trop mal passer mais là aussi une partie du mérite revient à Josh puisqu'il lui avait déjà mis un side pull, ou filet sans mord. Ce dernier est donc la seule nouveauté mais pour l'instant Poulinou semble trop occupé à se délecter de sa crème pour s'en rendre compte.

Première étape de l'acceptation du cavalier : l'acceptation du montoir. Je pense que trop de cavaliers l'oublient mais cela me semblent une étape obligatoire du débourrage d'un poulain. Je récupère donc un plot, deux pas plus loin, et le pose à côté de Las Vegas. Je pourrais le monter comme ça mais sa croissance n'est pas terminée alors autant ne pas tirer sur son dos et puis autant lui apprendre avec le plot directement. Je place donc le plot, prend mes rênes dans une main, monte sur le cube et met un pied dans l'étrier. Immédiatement, Las Vegas avance. Je l'arrête donc, descend de mon plot et décide de commencer par une autre méthode. Plusieurs fois de suite, mes rênes dans une main je le tiens immobile pendant que je place un pied dans l'étrier. A chaque fois Las Vegas avance mais d'une pression sur les rênes je l'arrête. Au bout de quatre fois, Las Vegas me laisse mettre le pied dans l'étrier sans avancer, immédiatement je prend un Oreo et lui tend, sans prendre la peine d'enlever le chocolat avant, tant pis ! Las Vegas l'englouti sans hésiter. Je le ramène alors près du plot. Je le décale puis monte à nouveau sur le cube. Cette fois lorsque je pose mon pied dans l'étrier, Las Vegas se contente de tourner la tête pour réclamer un Oreo. Je met un peu plus de poids dans mon étrier, Las Vegas semble hésiter à se dérober mais avant qu'il ne puisse réfléchir et se mettre à bouger, je lui tend un Oreo. Il le dévore comme les deux premiers et, une fois qu'il a fini de le mâchonner je passe à l'étape suivante : mettre mon deuxième pied dans l'étrier, mais sans poser mes grosses fesses dans la selle pour le moment, faut pas pousser mémé dans les orties non plus ! Par prudence, j'ai mis ma bombe et je sens que je ne vais pas la regretter ! Vegas fait un bond sur le côté, renverse le plot puis s'arrête net avec un air affolé. Je caresse son encolure, toujours en équilibre, et tente de le rassurer :

« Eh doucement mon petit ... »

Las Vegas baisse la tête et commence à mâchonner son mord. J'avoue que cela me surprend qu'il se détende aussi rapidement mais bon ! Je le caresse donc à nouveau :

« Voilà c'est bien mon bébé ! »

Bon, maintenant il faut que je pose mes fesses dans la selle mais je pense que j'aurais moinsde mal que pour le reste puisqu'il s'agit de quelque chose que nous avons déjà plus ou moins travaillé lorsque je mettais des sacs de patate sur son dos. Je m'assois avec douceur mais Las Vegas fait immédiatement un écart. Je me relève et recommence et ceci jusqu'à ce qu'il ne bouge plus lorsque je commence à m'asseoir; Je le caresse fréquemment et petit à petit, à force de persévérance, je réussis à m'asseoir de plus en plus jusqu'à finir par avoir mes fesses bien calées. Je souris et sors un Oreo. Mais cette fois je mange le chocolat moi aussi je mérite une récompense ! Et puis je ne voudrais pas qu'il tombe malade, cela va sans dire !

Maintenant le pas. Très délicatement, avec une infini douceur, je presse mes mollets contre ses flancs. Mais il ne se passe tout simplement rien. Je redemande mais Las Vegas ne semble même pas se rendre compte que j'agis sur ses flancs. Je met donc un peu plus de fermeté dans ma demande et Las Vegas tourne la tête avec un air interrogateur et, c'est le cas de le dire, gourmand. Je secoue la tête :

« Nan nan mon coeur, travail et après seulement friandise ! »

Puisqu'il ne réagit pas, j'agis un peu plus fort mais cette fois la réaction ne se fait pas attendre ! Las Vegas fait immédiatement un écart. Je l'arrête, le assure et redemande, un peu moins fort. Las Vegas fait un pas en avant. Coïncidence ou réponse volontaire ? Je ne cherche pas à savoir et le félicite grassement avec force crème d'Oreo. Lorsque je redemande, Las Vegas fais un deuxième pas, hésitant cette fois mais je le félicite à nouveau. Je redemande une dernière fois et cette fois mon poulain enchaîne plusieurs pas. Dès qu'il se met à ralentir, je renouvelle ma demande pour le garder au pas. Je le guide avec les rênes en faisant attention de garder une main légère mais Josh a bien bosser et notre poulain réagit naturellement lorsque je lui demande de prendre la piste à main gauche.

Je le fais marcher un tour durant puis considère qu'il a fait du beau boulot. Je lâche les rênes quelques minutes pour le laisser s'étirer et souffler puis je le talonne à nouveau, y mettant un peu plus de force à chaque demande sans réponse jusqu'à ce que Vegas prenne le trot. Je commence par me mettre en équilibre mais Vegas -apparemment persuadé que je me suis envolée- lance un joyeux coup de cul. Je me rassois donc dans ma selle pour me calée en trot assis. Après un tour au trot, j'essaye de passer au trot enlevé mais Las Vegas ne semble pas apprécier ce nouveau mode de fonctionnement, apparemment déstabilisé par le fait que je sois là puis plus là. Je me contente donc de quelques foulées au trot assis puis je le repasse au pas. A nouveau je le laisse s'étirer rênes longues puis, après quelques minutes je reprend le contact et me dirige vers les chemins de balade.