Après le rapide pansage, j'avais mené Raspoutine jusqu'au terrain de cross. Il semblait tout content d'y aller. Je ressanglai mais, avant que je monte, il me prouva sa bonne humeur par un joyeux saut de mouton qui me fit sourire.
Non, ce n'était pas par méchanceté, me rassurai-je,
il ne veut que me taquiner. Malgré mes efforts désespérés, la boule que j'avais dans le ventre grossissait.
Quand faut y aller, faut y aller, hein Raspoutine !
Le cheval n'étant pas particulièrement petit, je dus beaucoup (beaucoup) baisser les étriers pour parvenir à monter dessus. Finalement, je finis par être assise sur la selle avec les étriers à la bonne longueur.
Allons-y !
Pour commencer la détente, je lui fis faire quelques minutes de pas, de trot et de galop. Enfin rassurée, je me détendis. Je décidai de commencer par détendre en sautant un petit tronc d'une cinquantaine de centimètres.
A main gauche, au trot, j'arrivai sur l'obstacle, ayant peur d'un refus, je l’encourageais beaucoup (trop ?). Il sauta tout a fait naturellement l'obstacle, je n'aurais pas eu besoin de m'inquiéter. Il réceptionna au galop, comme beaucoup de chevaux. Je le freinai, repassai au trot pour changer de main. Donc j'abordai l’obstacle à main droite. Il le sauta, réceptionna de nouveau au galop.
J'en profitai pour faire un cercle au galop de manière à pouvoir sauter de nouveau le même obstacle mais au galop, cette fois. Prise d'une inspiration subite, je le laissai au galop et sautai l'obstacle en face du tronc à un dizaine de foulées. Il sauta joyeusement la haie d'environ 70 centimètres et me prouva sa joie par un joyeux coup de cul. Heureusement, je réussis à ne pas tomber et, lorsque je l'arrêtai quelques foulées plus tard, il me lança un regard taquin.
Je décidai de faire l'enchaînement haie-tronc à l'autre main. J'étais maintenant très détendue malgré la légère appréhension d'un nouveau coup de cul. Je le remis au trot, puis passai au galop. Il sauta la haie, fit la dizaine de foulées qui séparait les deux obstacles et sauta le petit tronc. Je pense qu'il s'apprêta à donner un nouveau coup de cul de joie quand je le surpris en lui faisant faire un cercle autour de l'obstacle fraîchement sauté. Il me lança un léger regard
"Je t'aurais !". Je le ralentis jusqu'au pas et laissai filer les rênes : une petite pause avant d'attaquer les choses sérieuses.
Je sillonnai le terrain de cross pour repérer quelques obstacles intéressants. Je notai ainsi un vertical (un tronc surélevé donc le trou était rembourré de paille) d'environ 75 centimètres suivi d'un gué, un directionnel oreillé (un couloir de barres en entonnoir appuyées sur le tronc) d'une soixantaine de centimètres et une haie assez large de 85 centimètres de haut. Juste après cette haie, il y avait la place suffisante pour faire un bon cercle, qui pourrait servir à ralentir et assez bien bien placé pour repartir facilement sur le vertical. Cela donnait à peu près ça :
Je repris en main les rênes, ne m'apercevant pas tout de suite qu'il commençait à pleuvoir. Je le réveillai un peu en trottant une petite minute avant de la lancer au galop et sur le parcours. Il sauta facilement le vertical et atterrit dans la gué dans une gerbe d'éclaboussures. Je l'emmenai ensuite dans le couloir du directionnel qu'il sauta avec aisance aussi. Dans le virage, il put me lancer un regard
"Rien de plus dur pour moi ?". Il sauta ensuite le dernier obstacle, et je le mis sur le cercle prévu, gardant le galop sur quelques tours avant de passer au trot, puis au pas. Je repérais alors une ligne d'obstacles avec l'air sympa à sauter.
Sauf que la pluie ne fut pas de cet avis et se mit à redoubler de violence. Pour être une cavalière modèle, je ne l'arrêtai pas et le laissai marcher, mais c'est lui qui s'arrêta et je l’interprétait immédiatement comme "je veux rentrer !". Je sautai du cheval et nous fîmes quasiment le trajet du retour en trottant pour lui et courant pour moi.